La Dame à la licorne sort de la tente, renée. Grande prêtresse, elle agit et guérit à présent par L’Esprit.

« Sans prêtresses dans le processus d’élévation, pas de moisson d’âmes libérées » Catharose de Pétri- La Parole vivante

Accepter de guérir

Après de longues années passées à œuvrer, je perçus que je pouvais par moments ‘’guérir’’ ceux qui m’entouraient. Ce don s’activa, au départ, sans que je comprenne comment. Un jour, un inconnu me fixa du regard. Son âme souffrante perçut ce que ses yeux ne pouvaient voir. Elle appela la mienne qui, à cet instant, ouverte et rayonnante, parvint à l’entendre et à l’accueillir. Une force d’amour alors se déversa en mon être ; elle me traversa et je sus qu’elle apaisa l’âme en détresse. Par la suite, lorsque je vécus à nouveau cette expérience, je fus souvent tentée de me l’approprier. J’espérai pouvoir demeurer dans cet état de joie intérieure si singulier. Je me refusai également longtemps à l’offrir à des personnes qui me déplaisaient. Mais, avec le temps, de plus en plus consciente de ce qui se produisait, je compris qu’elle ne m’était accordée que pour la redistribuer. Il ne m’appartenait pas non plus de choisir à qui elle se destinait. Le décès de mon père fut source d’un autre apprentissage. Alors que je déjeunais avec un ami, je ressentis sa présence. Il était tombé dans le coma depuis plusieurs jours et son âme torturée m’appelait au secours. Je sus qu’il me fallait partir. Dès que je franchis le seuil de l’hôpital, son cœur lâcha. Pendant tout le temps de son passage, je l’accompagnai, priant, le réconfortant, devant les yeux médusés du docteur et de mon ami. Je ne saurais dire combien de temps s’écoula mais, à un moment, je sus que son âme était partie, en paix. Ma relation avec mon père avait toujours été difficile et je dis souvent que c’est là le plus beau cadeau qu’il m’ait fait. Cette expérience m’amena à comprendre qu’en guérissant , sans recherche de contrepartie, l’âme d’autrui, la nôtre, elle aussi, guérit.

La Dame renée

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La Dame à la licorne, A mon seul désir (détails), vers 1500 – Phénix

La Dame se présente sortant de la tente. Quelque chose s’y est passé mais cela ne nous a pas été dévoilé. C’est dans le secret et le silence qu’elle a seule célébré son baptême du feu. Elle a triomphé et semble transfigurée ; son visage radieux témoigne d’une jeunesse retrouvée. Les alchimistes désignent cette phase de l’œuvre au rouge, sublimation : la renaissance du matériel sous forme spirituelle. Ils l’associent à l’apparition de la pierre philosophale. La foi chrétienne parle, elle, du corps de la résurrection ; ce corps céleste étant, selon l’Evangile de Philippe, « la manifestation de ce qui ressuscite ».

Au sommet de la tente, deux oiseaux prenant leur envol attestent eux aussi de la victoire. Le héron cendré – l’équivalent du phénix, nous indique que le Grand œuvre est accompli. L’ancienne nature a été consumée et la Dame, tel l’animal mythique, est renée de ses cendres. Elle porte à présent du rouge, couleur du feu comme de la pierre philosophale. Le faucon, dont la tête n’est pas encapuchonnée, témoigne d’une libération et d’une régénération. Animal sacré, il est, depuis l’Egypte antique, à l’image du dieu Horus, symbole du mortel lié à l’immortel. Principe toujours solaire, d’après le dictionnaire des symboles, « il indique généralement la victoire de la lumière pour celui qui vit dans les ténèbres ». La Dame est donc bien à présent unie à l’Esprit. Symbole de mariage au Moyen Age, les deux anneaux portés par l’animal attestent d’une alliance librement consentie.

La grande prêtresse

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G: La Pentecôte (détail), Duccio di Buoninsegna, 1308 – wikimedia commons (domaine public) – D: A mon seul désir (détail), vers 1500, La Dame à la licorne

La Dame se tient sur le seuil entre ce monde et l’autre monde, celui de la tente de l’Esprit. Elle occupe à présent une haute fonction spirituelle, comme sa stature et sa coiffe nous le rappellent. Telle une figure héroïque, elle a réussi à retrouver sa patrie originelle et a pourtant librement choisi de s’en revenir sur l’île pour continuer d’agir. L’Esprit guide à présent tous ses actes : des perles et une flamme – symboles de sa sagesse et de sa force – la couronnent ; le lion rugit, laissant apparaître la langue – un autre signe, pour les chrétiens, du feu de l’Esprit-Saint.

Paul écrit, dans la première épitre aux Corinthiens, que lorsqu’un homme s’unit à l’Esprit et qu’il le laisse circuler en lui, des forces nouvelles lui sont apportées. Il acquiert certains pouvoirs lui permettant d’aider ceux qui, plongés dans les ténèbres de ce monde, aspirent à la Lumière. Paul parle de 9 pouvoirs que le candidat reçoit progressivement s’il coopère pleinement. Pour devenir tout d’abord un instructeur, il reçoit 3 pouvoirs : celui d’allumer la foi chez un homme en recherche, celui de projeter des images évocatrices à sa conscience et celui de savoir lui expliquer ce qu’il perçoit pour aider sa compréhension. Il acquiert ensuite la maîtrise des forces qui lui sont apportées pour agir de la plus juste manière. A ce stade, il accède à la prêtrise. Il possède le 5ème pouvoir : le don de guérison qui contient tous les autres. Intermédiaire entre deux mondes, il peut établir la liaison afin que la force touche et apaise les cœurs en demande. Rayonnant, il devient une source d’où jaillit l’Esprit. La liaison gagnant en puissance, se développe alors le pouvoir de discernement des esprits, permettant de voir au delà de ce qui est visible à l’œil nu ; celui des langues et d’interprétation des langues, de même que le don de prophétie.