La coupe est de nature sacrée. Ses perles, une force et un enseignement de Sagesse. La Dame à la licorne l’a compris et s’en nourrit.

« Cherche la noble perle, elle est plus précieuse que ce monde. Elle ne s’éloignera pas de toi, et où sera la perle, là sera aussi ton cœur : tu n’as pas besoin d’aller chercher plus loin qu’ici le paradis, la joie, et les délices du ciel » Jacob Bohme – Mysterium Magnum

La soif de Sagesse

Lorsque la Dame se rappela à moi, je me mis en recherche. Mon âme avait soif de réponses mais j’ignorais où les trouver. Alors, j’assistai à des conférences de divers mouvements avec une amie, puis je me mis à lire – un peu, beaucoup. Il existait tant d’ouvrages, tant de voies possibles. Difficile de s’y retrouver ! Quelques temps, je suivis un groupe de philosophie orientale. Avec lui, en méditant, je compris que j’aspirais à davantage qu’une connaissance nourrissant ma raison. Mais il arriva un moment où je sus intérieurement que là n’était plus mon chemin. Je me remis donc en quête et un jour, enfin, je finis par approcher ce que, depuis l’Antiquité, on nomme une école des Mystères. Quelque chose raisonna au plus profond de moi. Je fis l’expérience d’un puissant champ de forces qui fit vibrer tout mon être. J’avais reconnue ma voie, celle que seul notre guide intérieur perçoit. Là, telle une alchimiste, je me mis à œuvrer et prier. Là, ma soif de Sagesse fut enfin apaisée.

La coupe de Sagesse

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Le goût (détail), la Dame à la licorne, vers 1500

Au Moyen Age, avec la quête du Graal, la coupe devient le symbole du Salut et d’une ascension spirituelle. Seuls les chevaliers qui manifestent une absolue pureté du cœur peuvent y prétendre. Le Graal s’entend à la fois comme un vase et comme un livre. Son contenu prend un double sens : il est révélation et vie – force et sagesse. On l’associe souvent au Saint Calice, c’est à dire à la coupe avec laquelle Jésus a célébré la Cène et dans laquelle son sang a été recueilli. La coupe eucharistique, contenant symboliquement le corps et le sang du Christ, exprime cette même idée. Comme Jésus dans l’évangile de Jean l’annonce à ses disciples, seul celui qui mange sa chair et boit son sang a la vie éternelle et sera ressuscité. La coupe contient donc bien l’essence d’une révélation. Elle permet d’accéder à la libération.

Les perles, nourriture de l’âme                     

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Le goût (détail), la Dame à la licorne, vers 1500

La Dame nourrit de perles l’oiseau qui cherche à prendre son envol. Les perles blanches nous confirment que la nourriture offerte à l’oiseau – un symbole de l’âme – ne doit pas se comprendre comme nourriture matérielle mais spirituelle.

La perle, au Moyen Age, est rare et précieuse ; sa blancheur, un signe de pureté. Selon Saint Mathieu, elle « figure le royaume des cieux ». Enfouie au cœur de l’huitre, elle incarne, pour les chrétiens, le symbole de l’enseignement du Christ. Pour les gnostiques, elle est la connaissance cachée – la gnose, définie comme force et Sagesse révélée. La scène tend donc à nous rappeler que l’âme, pour s’élever vers le divin, a besoin de nourritures spirituelles au quotidien. L’homme, par sa seule volonté, ne peut la libérer. La Pistis Sofia – un évangile gnostique – déjà nous l’enseigne : la gnose ne se reçoit qu’au moment où l’âme désespère de son existence et perçoit sa profonde ignorance. C’est pourquoi la devise des alchimistes demeure « orare et laborare » : prier et œuvrer. En s’orientant chaque jour vers Dieu – en le louant, l’alchimiste nourrit l’âme pour qu’elle soit en retour nourrie par l’Esprit. Ainsi, dialoguant avec la voix de l’Esprit, Pymandre, comme la Dame, il avance en connaissance et se libère progressivement de son ignorance